Son talent ne l’a malheureusement jamais poussé sous les sunlights. Pourtant, Dominic Miller est l’un des guitaristes les plus brillants de sa génération et les aficionados de la six-cordes le connaissent avant tout comme le complice de Sting. Il a pourtant oeuvré aux côtés de nombreuses autres stars comme notamment Paul Simon, les Chieftains, Rod Stewart, Bryan Adams, Phil Collins, Sheryl Crow, Peter Gabriel, Manu Katché ou Plácido Domingo± Avec "Silent light", son premier album pour le label ECM, Dominic Miller a opté pour l’essentiel et l’épure, seul à la guitare, accompagné de percussions pilotées avec classe par Miles Bould. Né en Argentine en 1960 d’un père américain et d’une mère irlandaise, Miller a grandi aux Etats-Unis à partir de l’âge de 10 ans avant d’aller faire ses études en Angleterre. Il vit aujourd’hui en France, après avoir voyagé tout autour du monde durant les trente dernières années. Voilà peut-être pourquoi ce disque possède une saveur internationale, l’influence de la musique latine se faisant fortement sentir par exemple dans une pièce comme "Baden" (dédiée au compositeur et guitariste brésilien Baden Powell). "Le Pont" donne l’impression de se retrouver à Paris au début du XXe siècle, tandis que "Valium" évoque quelque mélodie celtique dans la veine de Bert Jansch et que "Fields of gold" est une pièce instrumentale râpeuse empruntée à l’une des ballades les plus connues de Sting. Si le jazz et le folk anglais comptent parmi les influences principales de Dominic Miller, il est aussi amateur de ces guitaristes inclassables, notamment Egberto Gismonti et Pat Metheny. Quand il ne joue pas de guitare, il est en studio pour son propre compte. Sous son nom, il a ainsi signé une dizaine d’albums instrumentaux d’une grande liberté d’inspiration, collaborant avec des musiciens de jazz mais aussi de traditions folkloriques du monde entier (Pays de Galles, Maroc en encore Cuba). Evoquant ses autres influences en matière de musique instrumentale, le guitariste cite Bach (« la seule musique que je travaille »), Debussy, Satie, Poulenc et Villa-Lobos, ainsi que les guitaristes de folk anglais comme Bert Jansch donc mais aussi Dick Gaughan et la musique folklorique d’Amérique Latine découverte durant sa jeunesse. Il se réfère également au rhythm’n’blues américain et au rock progressif anglais et évoque même la tradition de la chanson française qu’il a « littéralement dans la peau » depuis qu’il s’est installé en Provence il y a une dizaine d’années± Avec "Silent light", enregistré par Manfred Eicher au Rainbow Studio d’Oslo, quasiment dans les conditions d’un concert et quasiment sans overdubs, Dominic Miller crée des teintes colorées, un large spectre d’émotions et un univers d’architecture sonores faites de silence et de résonances. ¸ CM/Qobuz