« Chanson française » ou « musique de film » ? Difficile de classer ce septième opus de Vincent Delerm dans un genre ou dans l’autre car cet objet atypique est à la fois un album de chansons inédites à part entière, et le reflet musical de son premier long-métrage (le documentaire Je ne sais pas si c'est tout le monde). Le thème de la mémoire est au centre de ce film, mais aussi de l’album. A la manière de François Truffaut dans La Chambre verte (dont on entend la voix dans le morceau Panorama), il entretient une certaine nostalgie et se remémore sans cesse des souvenirs liés à la fois à des événements de la vie quotidienne et à des coups de coeur culturels. Parmi ces derniers, le cinéma a le beau rôle, comme l’attestent Vie Varda, mais aussi La Chamade et surtout, donc, Panorama à chanson qui synthétise idéalement l’esprit de ce projet cinématographico-musical. Certes, on retrouve le style typique de Delerm (en particulier sa voix si particulière), mais outre son lien direct avec le cinéma, on note une autre nouveauté dans cet album puisqu'il a confié chaque titre à un arrangeur différent. D’où un éclectisme musical parfois déstabilisant (du folk à l’électro-pop), dans lequel on retrouve toutefois un dénominateur commun : la douce et neurasthénique mélancolie auquel le chanteur nous plonge obstinément depuis 1998. Des artistes aussi différents que le groupe belge Girls In Hawaii, Yael Naïm, Voyou, Keren Ann, et Peter Von Poehl figurent parmi les arrangeurs de l’album. Pour terminer ce « panorama » de luxe, citons un dernier invité de marque : Rufus Wainwright qui chante en duo avec Delerm sur la très émouvante et très éthérée Les Enfants pâles. ¸Nicolas Magenham/Qobuz